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Si Georgette m’était contée…

Bien plus qu’une simple innovation en matière d’arts de la table, l’histoire de la Georgette s’apparente à un conte culinaire… un véritable conte de fée, version gastronomique, où comme dans toute fable qui se respecte, l’imaginaire et les animaux occupent une place de choix et les héros doivent surmonter une série d’épreuves. Le Happy end est dorénavant à portée de main pour ces deux créateurs visionnaires, Catherine et Jean-Louis Orengo, que nous avons rencontrés lors du salon SMAHRT à Toulouse :

On n’arrive pas à la création de la Georgette par hasard… derrière ce concept innovant c’est avant tout un projet de vie?

Oui c’est un vrai projet de vie… à deux ! Avant notre rencontre, mon épouse était déjà passionnée par la nature. Enfant, j’étais un véritable « coureur des bois ». Je détestais l’école. J’attendais le week-end avec impatience pour aller en pleine nature dans le nord des Cévennes chercher la truffe, pêcher, travailler dans les vignes etc. J’ai appris l’effort dans le travail. Tous deux avons concrétisé cet amour pour la nature à travers notre parc ichnologique (science de l’interprétation des traces d’animaux) en Ariège. La création de la Georgette est intimement liée à nos parcours naturalistes.

Justement, racontez-nous…

J’ai effectué mon service militaire dans les chasseurs alpins. Lors d’une ascension du Mont Blanc avec l’armée, une forte tempête nous a immobilisés. J’ai passé deux nuits en état de survie dans une tente sous 1 mètre de neige. Plus tard je suis parti en expédition dans le grand nord canadien avec mon coéquipier Lin Bourdais durant l’hiver 1988. Lauréats du Défi Jeunes (Ministère de la Jeunesse et des Sports) nous avons passé 3 mois sur place après avoir appris les techniques de survie avec des trappeurs. Pour alléger nos traineaux, nous avons abandonné la fourchette au profit de la cuillère et du couteau. Mais pour manger la viande, les fourchons nous ont manqué. L’idée d’un couvert unique a commencé à germer. De ces deux expériences marquantes, j’ai retenue une vraie philosophie de la vie.

Comment les animaux ont-ils influé sur la fabrication de la Georgette ?

Catherine et moi sommes fascinés par l’adaptation des animaux en pleine nature. Savez-vous que l’ours est un animal fabuleux doté d’une patte incroyable ? C’est un outil à part entière ; il peut manger, pêcher, chasser, jouer etc. Idem pour la taupe dont la patte est une merveille d’adaptation dans le monde souterrain. De là est née notre première version de la Georgette à partir d’un moulage en 1990 spécialement pensé pour les bivouacs. Un prototype censé remplacé la fourchette, la cuillère et le couteau en un seul couvert. Un modèle très vite abandonné car non adapté à l’anatomie de notre bouche. J’ai renoncé à l’idée du couteau. Le modèle actuel possède un bord effilé suffisamment fin pour trancher la plupart des aliments. Ses formes la rapprochent d’une main humaine et/ou d’une patte animale.

S’ensuit un véritable parcours du combattant pour développer votre Georgette…

Si nous avons très vite obtenu le soutien de Monsieur André Daguin, ancien chef étoilé de l’Hôtel de France à Auch, les portes se sont fermées au fur et à mesure de l’avancée de notre projet. Et nous n’avions pas les fonds nécessaires pour développer seuls le concept. Des « çà ne marchera jamais », « trop décalé par rapport aux us et coutumes des arts de la table »… formulés par les acteurs économiques régionaux ou par les grandes marques des arts de la table (Ercuis, Guy Degrenne etc.), nous en avons entendu jusqu’en 2001. L’année où un couple d’ingénieur, Daniel et Virginie Boulenger, des amis séduits par la Georgette, ont monté une société à l’aide d’un emprunt personnel pour accompagner la naissance de ce nouveau couvert de table auquel ils ont cru. Paul Fontvieille, chef du « Carré d’Ange » à Saint-Lizier en 2002 puis Alain Ducasse en 2004 ont été les premiers à passer commande. Ont suivi une vingtaine de chefs étoilés dans toute la France (Hélène Darroze, Gilles Goujon, Frank Renimel, Dominique Loiseau, Yohann Chapuis etc.) ainsi que plus de 40 restaurateurs dans toute l’Ariège. Pour l’anecdote, lorsque nous avons repris la fabrication et racheté la marque, les outillages et le stock en 2006 à nos amis, nous n’avions pas l’argent nécessaire pour le renouvellement du brevet auprès de l’INPI. Après toutes ces difficultés, l’aventure ne pouvait pas s’arrêter là… Je suis une personne très optimiste de nature. Je crois en notre bonne étoile. Alors que nous pensions que tout était fichu, nous avons reçu un appel de la Maison Dom Perignon qui nous a commandé 650 Georgettes… Nous avons pu payer les taxes en retard et récupérer notre brevet in extremis…

Existe-t-il l’équivalent de la Georgette dans le monde ?

Non c’est un modèle unique au monde. Mais elle est commercialisée aux USA et au Canada. Ecologique, elle divise au minimum par deux la matière première à la production, fait économiser du temps (manutention), de l’eau (moins de vaisselle) et de la place. C’est le seul couvert qui permet de manger de l’entrée au dessert ; il varie les plaisirs gastronomiques et marie créativité, design, inspiration et respect écologique. Fabriquée aujourd’hui au Portugal, nous avons aujourd’hui le plaisir de travailler « en amoureux » sur le développement de notre idée. Nos clients français et étrangers se partagent entre les particuliers et les restaurateurs qui y voient une nouvelle façon de déguster leurs plats. Elle permet aussi d’être utile lors de la préparation de différents mets en cuisine. Aujourd’hui la Georgette, qui nécessite 20 étapes de fabrication à la main, existe en inox (brillant et mat), en mat argenté, en métal argenté et en titane. Nous avons commencé à commercialiser la demoiselle Georgette, plus petite pour les cocktails dinatoire. Il existe également une version pour les gauchers ainsi que pour les personnes en situation de handicap.

Frank Renimel (En Marge à Aureville) et Jean-Louis Orengo

Pourquoi l’avoir baptisé « Georgette » ?

C’est un nom bien français avec l’objectif de rendre hommage à la gastronomie française à travers le monde. Ses formes arrondies ont tout de suite fait penser à un prénom féminin. Enfin, l’idée était aussi de marquer l’opposition entre un vieux prénom et un couvert innovant.

Quelle est votre actualité ?

Nous serons présents à « Taste of Paris », le Festival des Chefs qui se déroule au Grand Palais du 11 au 14 février 2016. Le grand public pourra découvrir la Georgette lors de démonstrations sur notre stand. Ce sera également pour nous l’opportunité de rencontrer Alain Ducasse, notre premier client de renom qui nous a fait confiance en 2004… Avec mon épouse nous ne perdons pas de vue le projet qui nous tient particulièrement à cœur, celui de financer un conservatoire des traces et une école d’ichnologie appliquée pour initier les gens au bonheur que procure la nature.

www.georgettes.fr

Propos recueillis par Annie Mitault

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