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Dans les pas des vignerons de Fronton avec les ambassadeurs « Hôtes Garonne »

Partir à la découverte d’un cépage légendaire… la Négrette qui aurait été rapporté de Chypre au XIIe siècle par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem… C’était l’enjeu de la matinée « In Vino Veritas » à laquelle nous étions conviés le 23 septembre dernier par le Comité Départemental de Tourisme de Haute-Garonne. Ce rendez-vous des ambassadeurs « Hôtes Garonne » a tenu toutes ses promesses. Le temps de quelques heures, nous avons vécu la vigne de l’intérieur et emboité le pas de vignerons-œnologues, amoureux de leur vin. Le mot d’ordre de la matinée : en découvrir davantage sur leur métier, notamment en cette période de vendanges. De balades dans les vignes à la rencontre des vendangeurs, en visites de chais, sans oublier les dégustations et les techniques d’assemblage, nous sommes partis en immersion au cœur de ce vignoble de renommée mondiale, l’AOP Fronton. Une matinée ensoleillée, placée sous le signe de belles rencontres et de partages avec Martine Rougevin-Baville, Marc Penavayre et Olivier Muzart.

Je tiens à remercier tout particulièrement Camille et Elodie pour nous avoir concocté un super programme, aidées de Benjamin Piccoli de la Maison des Vins AOP Fronton. Tous les trois nous ont permis de découvrir le fameux « vin des toulousains » autrement. Un vin que nous vous invitons d’ailleurs à retrouver dans la 2e édition du Livret-recettes « un Chef, un Vigneron » proposés par les chefs Tables & Auberges de France de Haute-Garonne.

Les « Larmes de Vignes » de Château Caze

C’est la passionnante Martine Rougevin-Baville qui nous accueille de bon matin au Château Caze, le chai familial fondé en 1776 par son aïeul Antoine Caze. Depuis plus de 2 siècles, sept générations de vignerons font l’histoire de ce domaine emblématique, installé au 45 rue de la Négrette (une adresse qui en dit long…) à Villaudric. Et plutôt que de nous faire un cours d’œnologie matinal, Martine a choisi la plus belle des façons pour nous faire découvrir son exploitation : un lever de soleil au cœur de ses vignes offrant un paysage à vous couper le souffle…

Après une courte introduction sur son vignoble réparti sur 14 hectares, dont 7 hectares de Négrette, elle nous montre une parcelle fraichement plantée en juin. Des nouveaux plants de vigne qui nécessiteront 4 ans et demi pour rentrer dans un cycle de production plein. « La vigne c’est comme un nouveau-né… elle demande un soin de tous les instants… ». Des mots qui illustrent parfaitement le quotidien de Martine, vigneronne chevronnée. Par chance, nous avons pu assister aux dernières vendanges à la main d’une parcelle ancienne et fragile. Et pas n’importe quelle parcelle… Celle de la Cuvée des « Larmes de Vigne » née d’un épisode douloureux de Château Caze, qui, il y a quelques années, vit toute sa production de raisins anéantie, à 2 jours des vendanges, par un violent orage de grêle. Seule cette parcelle fût épargnée. Voyant couler les larmes de sa mère face au désastre, la fille de Martine proposera de baptiser cette cuvée unique les « Larmes de Vignes ». De retour au chai, où nous attend un magnifique petit déjeuner en terrasse, nous aurons le plaisir de goûter ce fameux vin blanc doux aux arômes de pêche, ananas et fleurs blanches. Autant vous dire qu’à 9 heures du matin, l’exercice est périlleux mais en cette magnifique matinée ensoleillée nous le vivons tous comme un immense privilège. Il est déjà temps de quitter ce chai historique, dont les moindres recoins sont ornés d’outils et d’objets anciens, témoignages des générations passées et de prendre la route pour rejoindre le village de Vacquiers

Marc Penavayre lève les secrets de de la Négrette et de l’assemblage

Pour nous apprendre ce qui se passe après les vendanges, nous ne pouvions rêver de meilleur professeur. Marc Penavayre, propriétaire de Château Plaisance, nous reçoit à son tour dans son exploitation familiale. Depuis 1991, année où il a repris la suite de son père Louis, ce fervent défenseur de la Négrette pratique une culture douce qui respecte la nature. Aujourd’hui en production bio, le domaine compte 30 hectares de vignes situés sur la plus haute terrasse du Tarn et représente 130 000 bouteilles vendues dans 12 pays. « Ici rien ne se fait au hasard. La qualité d’un vin est le fruit d’un travail quotidien. Il est important d’avoir à nos côtés les anciens qui savent et qui ont l’expérience. On en apprend tous les jours et tous les ans, et ce, qu’il gèle, qu’il vente ou qu’il neige. Le métier de paysan/vigneron ne tolère pas la médiocrité ! » nous explique Marc.https://www.youtube.com/embed/a4s9Npybabc?feature=oembed

Au programme de cette fin de matinée, un atelier assemblage, à savoir, l’art de composer le meilleur vin possible en combinant plusieurs variétés de cépages. C’est une étape décisive dans la confection d’une cuvée, particulièrement dans le cadre de l’AOP Fronton qui répond à un cahier des charges précis : le cépage Négrette (aux arômes de violette, cassis, mûre, framboise et réglisse) doit être majoritaire, représentant au moins 40 % de l’assemblage. Et quand Marc vous parle de la Négrette, il ne s’agit pas d’un simple cépage, mais de la magie de tout un terroir, d’un savoir-faire ancestral… Sa passion pour les vieux cépages est réelle. Il cultive en effet pas moins de 10 terroirs de Négrette différents pour la faire varier et donner naissance à des cuvées inédites.

Nous nous sommes prêtés à l’exercice de l’assemblage avec de la Négrette pure, du Cabernet Franc et de la Syrah ; non sans avoir dégusté au préalable une Negret Pounjut (Négrette Pointue en occitan) histoire de préparer notre palais : « A 11h00 c’est le moment où l’on goûte le moins bien. Le petit déjeuner est loin et l’on commence à avoir faim. Le premier vin est souvent mal jugé, il faut donc remettre le facteur sur son vélo… » ironise Marc. Au fur et à mesure de nos essais, nous avons pu entrevoir les secrets de l’assemblage et les alliances possibles entre les arômes, les textures, les couleurs etc. Deux heures d’initiation durant lesquelles nous avons bu ses paroles mais pas que… Avant de mettre le cap sur un autre domaine vinicole, un petit tour par la cuverie s’impose et pas question pour Marc de nous laisser repartir sans avoir goûté la cuvée tradition actuellement en élevage.

Déjeuner champêtre au Château Clos Mignon

Après le blanc de Château et le rouge de Château Plaisance, notre périple dans le Frontonnais touche à sa fin avec la visite d’un domaine existant depuis plus d’un siècle, le Château Clos Mignon. Les propriétaires Isabelle et Olivier Muzart nous accueillent dans leur chai avec un vin rosé 2016 (cépages Négrette et Syrah) en guise d’apéritif. Une belle entrée en matière pour le déjeuner champêtre qui nous attend. Olivier a repris en main la destinée du vignoble acquis par son grand-père Robert Muzart en 1952. Habitué des concours il nous propose une cuvée classique et une cuvée sélection en accompagnement du repas. Et c’est au beau milieu des cuves à quelques mètres de la vigne pas encore vendangée que nous nous restaurons. En compagnie d’un soleil généreux, la magie a opéré au sens propre comme au sens figuré. La Négrette n’a plus de secrets pour nous et compte désormais de nouveaux fans… Les ambassadeurs « Hôtes Garonne » sont sous le charme…

Annie Mitault

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